Sandrine Collette - Les larmes noires sur la terre (Denoël, 2017)
J’ai lu le dernier roman de Sandrine Collette dans le cadre du Prix Polars Pourpres.
A mi-chemin, j’avais livré un bilan mitigé de ma lecture… la seconde moitié a confirmé ce sentiment. Je m’en explique…
Moe rate sa vie, et échoue à la Casse, cimetière pour voitures et purgatoire pour échoués de la société. Elle y rencontre un groupe de femmes, qui comme elles ont été « placées » dans ce centre destiné à héberger des personnes qui se sont retrouvées à la rue après bien des déboires. L’action se déroule dans un futur proche, quelque part entre 2020 et 2030 (bon, j’aurais pu être attentif aux détails pour proposer une meilleure évaluation). Nous découvrons les destins de celles que Moe rencontre et avec lesquelles elle partage son temps à présent, du travail aux champs à l’aide donnée à la vieille Ada.

Le roman que Sandrine Collette livre aux lecteurs est servi par une écriture typée, qui se maintient de bout en bout. Et c’est là que réside la force du livre : l’écriture travaillée, le style « abouti ». Mais c’est aussi une de ses faiblesses : si le lecteur n’est pas réceptif à la forme, il pourrait presque stopper sa lecture. J’avoue avoir été victime de ce phénomène. J’ai failli abandonner, mais je me suis acharné car je voulais disposer de suffisamment d’éléments pour asseoir mon avis. Par ailleurs, la succession des biographies est pénétrante et les tableaux sont diversifiés. Mais du coup, le fil de l’action n’est pas « tenu » en permanence, le livre peut désorienter les lecteurs habitués à de l’action de bout en bout. La fin m’a laissé un sentiment mitigé…
Bref, bien difficile à évaluer pour ce qui me concerne…
Je dirais qu’il faut avant tout lire Les larmes noires sur la terre comme un roman, en mettant de côté nos catégories « polar » et même « roman noir ». Oui, c’est sombre, peu d’issues sont proposées au cours du récit. L’écriture est remarquable, mais elle nécessite une attention particulière. Ce n’est donc pas un roman noir « distrayant », pas non plus totalement « sérieux », mais son niveau ne le rend, à mes yeux, pas accessible à un large public.
Je regrette personnellement un certain manque d’action mais est-ce suffisant pour le noter « durement » ? Je ne le crois pas. Ce sont les qualités intrinsèques du roman que je m’efforce de juger, pas uniquement mon ressenti. Dès lors, oui, je dois bien admettre qu’il s’agit là d’un « assez bon » roman – voire bon – mais à réserver à un public averti. Il risque de décevoir les friands de best-sellers.