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Le blog de Ben Tyrion

Les infâmes - Jax Miller (Ombres noires, 2015)

21 Avril 2016 , Rédigé par Ben Tyrion

Les infâmes - Jax Miller (Ombres noires, 2015)

J’ai découvert ce roman de Jax Miller à l’occasion d’un concours organisé sur Polars Pourpres (en collaboration avec la maison d’édition Ombres noires) en octobre dernier, concours auquel j’ai participé – ayant été particulièrement interpellé par la critique d’Élo sur PP – et à l’issue duquel j’ai «remporté» un exemplaire dédicacé de l’ouvrage. Qu’il me soit permis ici d’encore remercier l’équipe de Polars Pourpres, les éditions Ombres noires et Jax Miller de m’avoir dès lors permis de découvrir ce roman.

Freedom Oliver, femme délicieusement belle, douée, ravagée par l’alcool, par la vie, par le viol, la prison et la peur, immerge le lecteur dans les tribulations de son âme.

Freedom, emprisonnée et privée de ses enfants à la suite d’un crime dont elle a été accusée, va bénéficier d’un non-lieu, mais sans pouvoir retrouver la chair de sa chair. La descente aux enfers est à sa porte. Elle se retrouve dans l’Oregon, à Painter, serveuse dans un bar – pas net – pour bikers en panne d’alcool et de sexe. Elle n’hésite pas à déchaîner toute sa violence, exacerbée par la séparation de ses enfants, sur ceux qui se risqueraient à se frotter à elle ou à manquer de respect envers les prostituées qu’elle a pour collègues. Elle qui est native de l’état de New York a dû fuir pour échapper autant que possible à la terrible menace de vengeance qui pèse sur elle : l’homme qui est emprisonné à sa place n’est autre que son beau-frère, Matthew Delanay, accusé à son tour d’avoir assassiné son frère Mark, un policier junkie et coureur de jupons, qui fut le mari de Freedom… Trois des frères de Mark, encouragés par leur mère Lynn, se mettent en chasse, à la poursuite de Freedom, qui s’appelait à l’époque Vanessa ou Nessa, pendant que Freedom, écrasée par le poids d’une vie où elle n’a pas pu chérir ses enfants, quitte Painter pour retrouver ses deux enfants, Rebekah et Mason, qui furent adoptés par un couple de chrétiens fondamentalistes et sectaires, membres et fondateurs des Adventistes du Troisième Jour.

Ce premier roman de Jax Miller est un véritable coup de poing. Dès les premières pages, j’ai été saisi par la puissance d’une écriture qui m’a fortement bouleversé. Entre compassion et incompréhension envers Freedom, j’ai fort apprécié son caractère fort et entier, sa face sombre certes, j’ai été touché par les émotions qui la submergent, par sa détermination à retrouver ses enfants. Les descriptions très précises ont le don d’immerger le lecteur dans l’ambiance, dans les odeurs, dans les lieux, dans les «âmes» des différents protagonistes. L’alternance de narrateur m’a plu: tantôt c’est Freedom qui s’exprime – en décrivant ce qui lui arrive, ou dans des lettres qu’elle adresse à ses enfants –, tantôt c’est un narrateur neutre qui nous décrit l’action. Pas d’ironie: les gens et les lieux sont décrits tels qu’ils sont, tels qu’ils vivent. J’ai failli attribuer à ce roman la mention de «coup de cœur» tant l’écriture est forte et a provoqué de nombreuses émotions et questions, mais quelques errements, dans la narration, à un certain moment, une description qui me semble trop caricaturale (sans être fausse) des membres de la secte – imaginaire, mais inspirée notamment de celle, bien malheureusement réelle, de Waco – des Adventistes du Troisième Jour, un peu trop de «bons concours de circonstances», et une fin qui m’a surpris au vu de l’allure générale du roman. Ce ne sont que des détails pour un livre qui demeure une très bonne révélation!

Jax Miller a brillamment réussi son premier roman, un vrai «noir» américain, très élégamment traduit par Claire-Marie Clévy.

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