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Le blog de Ben Tyrion

Stéphane Jolibert – Dedans ce sont des loups (Éditions du Masque, 2016)

18 Juillet 2016 , Rédigé par Ben Tyrion

Stéphane Jolibert – Dedans ce sont des loups (Éditions du Masque, 2016)

Résumé de l’éditeur : Aux confins du Grand Nord, dans un paysage de glace et de neige, une bourgade survit autour de l’activité du Terminus: hôtel, bar et bordel. Nul ne sait à qui appartiennent les lieux mais ici se réfugie la lie de l’humanité et ici s’épanouissent les plus bas instincts. La clientèle qui s’y rassemble pour s'abîmer d'alcool, de sexe et de violences se compose essentiellement de reprise de justice, d’hommes aux passés sales reconvertis en bûcherons.

Au Terminus aucune règle n’existe en dehors de celles du grand patron dont personne ne connaît ni le visage ni le nom. L’une d’elles édicte qu’ici on ne touche pas aux filles autrement qu’avec respect, à défaut de tendresse. La suivante impose de se plier aux ordres du contremaître et à ceux de son subalterne, à moins bien sûr d’éprouver le désir de se faire fracasser la mâchoire ou brûler les doigts.

Nats, le garde-putes du Terminus, se plie à toutes, fait son boulot avec application jusqu’au jour où débarque Sean sous les traits duquel il croit reconnaître son ancien tortionnaire.

Dès lors, tandis que toujours la neige efface le moindre relief du paysage, tandis que Sarah interrompt la routine de son quotidien, que Twigs la Levrette cherche un mort perdu pendant une nuit d'ivresse, l’esprit de vengeance tenaille Nats, impérieux, dévorant.

Mon avis : Stéphane Jolibert réussit une très correcte entrée en matière avec son premier roman publié, Dedans ce sont des loups. Ce que j’attends d’un roman noir, c’est notamment une description rude, dure de décrire les relations humaines. La métaphore de la vie des loups, où il y a des dominants, des dominés, des proies que l’on se dispute, ou qu’on laisse tomber, des loups solitaires, des loups qui vivent en clan… cette métaphore est très plaisamment mise en scène par l’auteur. La vie du Terminus, c’est une vie de loups, où tous « se tiennent » dans une drôle de solidarité, où le fait de ne pas respecter la règle vous met illico facto en marge du clan, où les chiens ne sont pas les bienvenus… Nats est dévasté par son passé, par le départ de sa mère quand il était encore jeune, une mère qu’il a un jour retrouvée, mais sans que cela lui permette de faire le deuil de celle-ci, sans qu’il puisse oublier, décuplant en lui un esprit de vengeance, de revanche. Les loups s’observent entre eux, écoutent les anciens, comme Nats écoute, à sa manière, le vieux Tom, oncle de Sarah, dont la présence ne laisse pas Nats indifférent. Sean, qui débarque au terminus, sera-t-il à la hauteur du clan ? Qui est-il vraiment pour inquiéter Nats à ce point ?

Le récit proposé par Stéphane Jolibert alterne les points de vue, et les époques : retours dans le passé alternent avec les scènes du présent, tour à tour, le narrateur nous livre l’état d’esprit des protagonistes principaux du récit, et nous décrit parallèlement le parcours d’un loup, qui joue le rôle de métaphore pour comprendre le fin mot de l’histoire. C’est sombre, on a le sentiment qu’il n’y a pas d’issue. C’est triste, le personnage de Nats m’a sans cesse semblé empreint d’une nostalgie qui me plait… On pourrait reprocher un certain désordre – j’ai parfois été un peu perdu – ou aussi le fait que les choses semblent tourner en rond à un certain moment, mais dans l’ensemble, j’ai le sentiment d’avoir été en présence d’une plume très prometteuse, qui a des atouts pour mûrir et monter en régime ! Pas un coup de cœur – je sais que je suis un brin difficile –, mais mérite assurément le détour des amateurs avertis.

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