Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre.»
Mon avis: Un petit roman qui se dévore comme un page turner... je l'ai lu rapidement, en quelques heures. On y suit les tribulations d'Adèle, mariée, un enfant, et prise d'une passion ou d'une addiction dévorante pour le sexe... on suit la lente "descente" aux enfers d'Adèle, son questionnement, ses mensonges, ses révélations... dans un récit qui se lit très facilement, sans prise de tête. Les faits sont livrés à l'état brut, sans trop de détails salaces toutefois. Il ne s'agit pas d'un roman "érotique", encore moins d'une romance. Mais d'un roman qui interpelle, qui bouscule, qui dégoûte parfois...
Un roman correct (premier coup d'essai de Leïla Slimani, lauréate du Goncourt 2016 pour Une chanson douce), écrit dans une langue accessible, mais qui ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable.